Eloïse remua et gémit. Elle se revoyait dans la salle du trône d'Arcadia, avec Deros, son père, Lorenzo et Athros Sofferenza.
Cette salle, si belle, était tâchée de sang et de nombreux cadavres recouvraient son sol marbré. Eloïse regarda ses mains et elles étaient maculées de sang. Mais elle ne ressentait rien, absolument rien. Tous ces hommes ne représentaient rien pour elle. Elle ne faisait qu'obéir. La voix de son maître retenti à ses oreilles de manière doucereuse.
- Tues-moi ces vermines!! Personne ne doit s'interposer entre moi et mon objectif!
Son corps se mit en marche aussitôt. Elle ouvrit le ventre de son père noble d'un coup de griffe. Puis elle fonça vers Lorenzo qui n'avait pas bougé. Elle plaqua sa main griffue rouge de sang sur sa gorge et l'immobilisa contre un mur. Lorenzo ne se débattait pas, il ne cessait de la dévisager les larmes aux yeux. Il murmura:
- Eloïse, je t'aime...
Mais elle ne l'écouta pas. Seule la voix de son maître résonnait en elle. D'un seul geste, elle lui trancha la gorge. Elle le vit se vider de son sang avec toute l'indifférence du monde et elle se regarda dans la fenêtre d'un air distrait.
Ses cheveux étaient noirs et beaucoup plus long qu'avant et ses yeux étaient deux perles écarlates ternes et vides. Elle n'était qu'un objet, une arme...
-NON!! NON!! Je ne veux pas, non!! Ne me laissez pas vous faire du mal non!!
- Elo, Elo, tout va bien c'était un cauchemar, tout va bien.
La louve argentée ouvrit les yeux et vit son compagnon penché au-dessus d'elle, l'air bouleversé et terriblement inquiet.
Elle se redressa et, les larmes aux yeux, sauta au cou de Lorenzo.
- J'ai cru que... Que je...
- Ce n'était pas réel Elo, ça va aller, ne t'inquiète pas...
Eloïse ne dit plus rien mais elle ne pouvait s'empêcher de penser que, si il y avait une chance, une minuscule chance, pour que Athros ait réussi à s'échapper et qu'il arrive à la retrouver, il la transformera à nouveau en monstre et alors, meute ou pas, amoureux ou pas, elle sera leur pire ennemi.
Lorsque ses sanglots s'arrêtèrent, elle alla voir les autres et s'excusa auprès d'elles pour ses cris et ses pleurs.
Elle ignora du mieux qu'elle put leurs regards mais, comme avec Whiplash, si elles lui demandaient ce qui provoquait ses cauchemars, elle leur avouerait tout, bien que cela la remplissait de peur.